LES ÉDITOS DE M. MBARKI
L’Oriental à la conquête des nouvelles industries
1 mai 2014
L’industrie n’est plus ce qu’elle était. De révolutions en révolutions, l’industrie d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec ses devancières. Le lien à l’espace physique, en particulier, continue de vivre de nouveaux et profonds bouleversements.
Chez nous, les stratégies nationales se succèdent, s’adaptent aux nouvelles conjonctures, s’enrichissent d’initiatives innovantes qui viennent conforter les acquis des « Métiers Mondiaux du Maroc ». L’industrie, c’est la production de biens, matériels et immatériels, en série : c’est à peu près la seule définition qui vaille encore. Si le siège occupe encore peut-être un lieu emblématique de la firme, le pôle financier peut aussi bien séjourner dans une région de fiscalité plus avantageuse, la production étant effectuée là où elle coûte le moins avec la qualité voulue, voire émiettée à travers les régions, les pays, le monde pour un assemblage final des intrants en un site tiers. Le « fabless » – industrie sans usine – existe donc déjà, aussi bien pour les très grandes firmes que pour des PMI. À la clé, toute une réorganisation de l’espace physique à l’échelle du monde, entre deux extrêmes : des métropoles donneuses d’ordre et des territoires de production ou d’assemblage qui les exécutent.
Au siège, le design, la création/innovation, le management, l’ingénierie financière, le marketing… métiers supports à forte valeur ajoutée, citadins, hautement qualifiés et bien rémunérés. Les « villes-métropoles » accueillent ces cerveaux des firmes industrielles. À la production, des territoires d’exécution sous contrôle des commanditaires. Entre les deux, des pays dits émergents », un pied dans la décision, l’autre dans l’exécution. Cette loi d’airain, unique, a redéfini l’espace, hiérarchisé et requalifié les territoires à l’échelle du monde. Deux révolutions coperniciennes ont porté ce partage des tâches et l’affectation des espaces qui en résulte : les technologies permettant l’échange d’informations en temps réel via le Net ; les transports et la logistique, pour la circulation des biens – intrants, demi-produits ou produits – et des personnes, quand il s’agit de déplacer les compétences. On retrouve ici le rôle décisif attendu des infrastructures nouvelles réalisées dans le sillage de l’Initiative Royale pour le Développement de l’Oriental, routes, autoroutes, voies ferrées, ports et aéroports, logistique…
Ces réalisations donnent ses chances à notre Région. Déjà, certains industriels de l’Oriental saisissent les opportunités nées du nouveau contexte régional ainsi créé. On pense aux investisseurs qui misent sur les programmes industriels de Selouane/Nador, Berkane/Madagh ou la Technopole d’Oujda. Mais d’autres ont déjà inscrit leur développement dans la mondialisation des échanges : qui connaît l’aventure de cet industriel de Berkane qui transforme le piment du Burkina pour l’exporter à travers la planète ? Un cas exemplaire à valeur de modèle qui voit notre Région prendre toute sa place dans un échange Afrique-Maroc/Région-Europe/Monde où chacun est gagnant. Aujourd’hui, notre pays affiche ses ambitions nouvelles : le choix de « l'accélération industrielle », dont les suites bénéfiques attendues ne manqueront pas de marquer l’espace physique, autant sans doute que les sphères économique et sociale.
Le Plan nouveau parle d’«écosystèmes» et chaque Région du Royaume songe déjà à accueillir celui-ci, créer celui- là, incarner cet autre, chacune appuyée sur ses acquis et la volonté de ses représentants. Ce numéro, dédié donc à un vieux sujet désormais rajeuni, en explicite la nouvelle et prégnante actualité ainsi que l’universelle réorganisation, de par la hauteur de vue des auteurs. Qu’ils en soient chaleureusement remerciés.