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LES ÉDITOS DE M. MBARKI

Du tourisme aux tourismes

1 déc. 2010

« Grand Tour » : c’était le voyage initiatique des jeunes anglais de bonne famille de l’ère victorienne, partis découvrir le monde avant de s’installer dans la vie. Ce circuit pour célibataires aisés poussait les plus téméraires vers les Indes ou l’Afrique, d’autres vers les rivieras françaises ou italiennes, ou encore les capitales européennes. Cette jeunesse pleine d’énergie inventa pour ses loisirs beaucoup d’activités sportives d’aujourd’hui : les sports alpins, toutes sortes de disciplines sur herbe, des sports nautiques, etc. L’initiation de ces jeunes britanniques privilégiés fit école en Europe puis sur d’autres Continents. Les classes moyennes, moins argentées mais plus nombreuses, s’en emparèrent. Un marché naissait : avec lui, des opérateurs spécialisés, des offres de transport, dont témoignent les magnifiques affiches conçues pour la destination Maroc dès l’aube du XXᵉ siècle, etc.


La réalité d’aujourd’hui se dessine avec les « 30 glorieuses », dès les années 50 : le « Grand Tour » devient « Tourisme ». Le marché moderne se crée. La demande est là et l’offre ne va plus cesser d’évoluer pour mieux y répondre. Les stratégies suivies au Maroc en témoignent. Aujourd'hui, la compétition et la crise interpellent ce qui est devenu un secteur économique à part entière, mais les spécialistes prévoient de nouvelles envolées. Vers quelles destinations ? Pour quel tourisme ? Bien mesurer les choix et les effectuer à temps nous préoccupe pour l’Oriental.


La « marque Maroc » est puissante. Tel ce grand magasin parisien pris d’assaut pour sa « Semaine du Maroc », tout nous montre que le Royaume attire, fascine. La « marque-mère » possède des « marques-filles » car notre pays est riche aussi de sa diversité. L’Oriental est désormais l’une d’elle. Comment tirer partie pour cette Région des « attributs » positifs que nous confère l’appartenance nationale ? Comment affirmer nos spécificités, les valeurs ajoutées de l’offre régionale, notre identité propre au sein de l’identité collective ? Comment travailler aussi à les rendre préhensibles pour les candidats au tourisme, attrayantes, enrichies par des initiatives et des investissements appropriés ? Comment développer le tourisme dans l’Oriental sans fragiliser les identités de nos terroirs, sans atteintes environnementales, sans dilution de nos originalités ? Comment créer la richesse et l’emploi grâce au développement touristique ?


Telles sont les principales questions. Y répondre oblige à beaucoup d’intelligence et d’efforts. Mediterrania Saïdia a installé une offre balnéaire d’exception. Demain, les 7 Cités de Marchica, près de Nador, renforceront cette offre balnéaire. Mais l’immense hinterland régional demande du sur-mesure : le tourisme le cède aux tourismes. La diversification et la spécialisation des offres écartent la massification. C’est le meilleur gage du respect des cultures locales, des sites et des environnements. Des expressions sont apparues : tourismes de niches, tourismes alternatifs, tourisme équitable ou responsable, etc. Elles renvoient au développement touristique durable, à la mobilisation rationnelle des potentialités locales, dimensions profondes de l’Initiative Royale de Développement de notre Région.


D’autres Régions du monde sont confrontées à des problématiques voisines. Elles élaborent des stratégies qui leur sont appropriées, mais leurs approches peuvent nous éclairer, leurs démarches nous instruire. C’est le cas de l’Andalousie. Pensé dans une optique de développement économique, mais aussi social – en l’occurrence souvent rural pour les tourismes dits de proximité (proches des populations locales) – les tourismes nouveaux font appel à de multiples micro-activités qui offrent l’avantage de créer et financer de nombreux emplois. L’Agence de Développement Social l’exprime ici.


Déjà, les initiatives fleurissent : sphère culturelle, circuits pédestres, intérêt des « Marocains du Monde » forts de la connaissance des pays d’accueil (marchés émetteurs potentiels pour ces nouveaux tourismes), tous ces facteurs se manifestent dans l’Oriental et sont relayés dans nos colonnes. Un grand défi nous est posé et ses acteurs se préparent ou oeuvrent déjà. Les auteurs nous expliquent ici leurs démarches et leurs approches. Ces pionniers sont entreprenants et courageux ; leur discours est clair et ferme : qu’ils soient remerciés, au nom de la Rédaction, pour la qualité de leurs contributions.

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