Organisation à Rabat, du 16 au 19 mai, d’une conférence internationale sur la migration, interpellation du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, par les conseillers au sujet de la situation de nos compatriotes vivant à l’étranger, sortie médiatique du ministre délégué chargé des Marocains résidant à l’étranger (MRE), Abdellatif Maâzouz, au sujet des compétences nationales établies à l’étranger, publication d’une étude sur les étudiants marocains en France…
Bien que vivant à des milliers de kilomètres de la mère patrie, les MRE font l’actualité au Maroc. Quelles mutations a connues la physionomie du flux migratoire marocain ? Combien sont-ils à vivre actuellement à l’étranger ? Quel est leur poids social ? Quel est leur apport à l’économie nationale ? Dans quels secteurs investissent-ils ? Combien sont-ils à retourner au pays de leurs parents ? Enquête.
Plus de trois millions de nos compatriotes vivent à l’étranger. Ne prenant en considération que les migrants inscrits dans les consulats respectifs des pays d’accueil, ce chiffre pourrait être revu à la hausse. Un rapport publié cette année par la Fondation européenne pour la formation (ETF), agence de l’Union européenne qui fournit des conseils aux pays partenaires, parle de quatre millions et demi de Marocains résidant à l’étranger (MRE). Si les raisons historiques et économiques de ce flux migratoire sont établies (protectorat français, recherche d’un meilleur niveau de vie…), il reste que la physionomie de cette migration a considérablement changé ces dix dernières années.
À en croire les statistiques de 2010 du ministère chargé des Marocains établis à l’étranger, la communauté marocaine résidant à l’étranger représente plus de 10% de la population totale du pays et évolue à un rythme jamais constaté par le passé, en enregistrant une hausse voisine de 100% en une seule décennie, peut-on lire dans le préambule du rapport intitulé «Élaboration d’une stratégie de renforcement des politiques relatives à la mobilisation de l’épargne des MRE au profit de l’économie nationale», réalisé il y a trois ans de cela par le même ministère. Ce dernier note qu’«au cours de la période 1993-2007, la CMRE est passée de 1 549 297 à 3 371 526 ressortissants, enregistrant ainsi un taux de progression de 112,5% en 12 ans seulement, soit un rythme jamais constaté par le passé».
Par continent d’accueil, l’Europe arrive en tête avec 86,18% des MRE, les pays arabes en reçoivent 8,5%, suivis de l’Amérique avec 4,90%. Les pays de l’Afrique subsaharienne n’accueillent que 0,25% des Marocains ayant choisi de vivre à l’étranger ou qui y sont nés, alors que l’Asie et l’Océanie en comptent 0,2%. La France reste le premier pays où vivent les MRE : 86,18% des MRE établis en Europe vivent en France, à en croire les statistiques établies par le département d’Abdellatif Maâzouz. Cette même source précise que «la destination privilégiée des migrants marocains demeure les pays de l’Union européenne, second foyer mondial d’immigration après l’Amérique du Nord». Selon la fondation européenne déjà citée, si on observe la répartition géographique des départs du Maroc, la région d’Agadir arrive en tête avec 52% des personnes ayant l’intention d’émigrer, la région de Marrakech arrivant en deuxième position (49%).
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