La 17ème Rencontre mondiale du soufisme du 05 au 10 octobre

La 17ème Rencontre mondiale du soufisme du 05 au 10 octobre

La 17ème Rencontre mondiale du soufisme du 05 au 10 octobre

La Tariqa Qadiriya Boudchichiya et la fondation Al Moultaqa organisent, du 05 au 10 octobre courant à Madagh (province de Berkane), la 17ème édition de la Rencontre mondiale du soufisme, sous le thème « Soufisme et action : de la réforme de l’individu à la construction sociétale ».

Cet événement, tenu sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI et organisé à l’occasion de l’Aid Al Mawlid Annabawi Charif, en partenariat avec le Centre euro-méditerranéen pour l’étude de l’islam actuel (CEMEIA), vise à mettre en lumière les rôles que joue le soufisme comme l’un des vecteurs les plus importants de l’action religieuse dans ses manifestations les plus prestigieuses, avec ses dimensions valorisantes, spirituelles et morales.

Selon un communiqué des organisateurs, la thématique de cette édition s’articulera autour de la question de l’action et les problèmes qu’elle pose dans les sociétés contemporaines, en plus de soulever la question de la foi et de la religiosité, la crise morale et éthique que connaissent ces sociétés, ainsi que leur rapport aux problèmes du développement, économiques et environnementaux.

En outre, plusieurs axes seront abordés lors de cette rencontre mondiale, notamment les approches théoriques de la question de l’action en islam, les déterminants légaux et comportementaux de l’action soufie, des modèles historiques et réalistes de l’action soufie, et son rôle dans la réforme de l’individu et la construction de la société.

Il s’agit aussi d’étudier les dimensions développementales, économiques, sociales, environnementales et esthétiques de l’action soufie, ainsi que d’examiner l’interaction civilisationnelle et le dialogue interreligieux.

D’autres activités parallèles seront également organisées durant ce rendez-vous, dont les forums islamiques de l’environnement, qui étudieront « La crise du stress hydrique entre solutions techniques et nécessité d’éveil des consciences », le Forum éthique et technologie, qui traitera de « L’accès à l’énergie : une crise durable ou transformation de concepts », et le l’Université Citoyenne, qui abordera « L’éducation aux valeurs de la citoyenneté : du local à l’universel ».

Le programme de cette édition sera marqué aussi par l’organisation du village solidaire, qui a choisi comme thème « Marocains du Monde : un pilier fondamental pour le développement de l’économie sociale », ainsi que d’un salon du livre.

 

Source : MAP Oujda

GRAND SUCCÈS POUR LE FORUM ÉCONOMIQUE DES INVESTISSEURS MRE DE SAIDIA

Le Forum économique des Investisseurs MRE dans l’Oriental s’est tenu les 5 et 6 Mai 2017 à Saïdia, en présence de Monsieur Abdelkrim BENATIQ, Ministre Délégué auprès des Affaires Etrangères en Charge des Marocains Résidant à l’Étranger et des Affaires de la Migration, Monsieur Jean-Pierre SACAZE, 2èmeSecrétaire, Chef de Secteur Gouvernance à la Délégation de l'Union européenne auprès du Royaume du Maroc, Monsieur Abdennabi BIOUI, Président du Conseil de la Région de l’Oriental, Monsieur Mohamed MHIDIA, Wali de la Région l’Oriental, et Monsieur Alan DREANIC, Directeur du Département Gouvernance Démocratique et Droits Humains à Expertise France.

Cet événement, organisé par le Conseil de la Région de l’Oriental, a fait la promotion des opportunités d’investissements de la Région de l’Oriental auprès des MRE en présentant les nouvelles stratégies régionales volontaristes en direction des investisseurs MRE. Près de 450 personnes étaient présentes dont plus de 60 investisseurs MRE installés en Europe, qui ont été invités à dialoguer avec les institutions régionales, les services déconcentrés de l’Etat, les centres d’affaires et les banques, afin de concrétiser leur volonté d’investir dans leur région d’origine.

Cet événement s’inscrit en effet à la suite de la signature, il y a exactement une année, le 6 Mai 2016, d’une convention cadre de coopération entre le Ministère Délégué aux Affaires Etrangères, chargé des MRE et des Affaires de la Migration, le Conseil de Région et la Wilaya de l’Oriental, afin de mieux coordonner les stratégies nationales et régionales en faveur des Marocains du monde.

Dès lors, le programme PRIMO (Programme Régional Initiatives MRE dans l’Oriental), a favorisé la concrétisation de cet engagement, à travers la mise en œuvre de 4 interventions coordonnées à l’échelon régional afin de croiser les compétences des MRE et les potentialités de la région de l’Oriental. Cette expérience PRIMO, a pu voir le jour grâce au soutien financier de l’Union européenne dont le projet SHARAKA, qui mobilise les compétences des 7 pays membres de l’Union européenne partenaires du projet (France, Allemagne, Suède, Pays Bas, Espagne, Italie et Belgique) est mis en œuvre par Expertise France, dans le cadre du partenariat pour la mobilité UE-Maroc.

Le Forum économique des investisseurs MRE dans l’Oriental a su, par la mobilisation des élus, des institutions régionales et nationales et des leurs partenaires de coopération, redonner confiance aux entrepreneurs MRE installés en Europe.

PRIMO : PROGRAMME RÉGIONAL INITIATIVES MRE DANS L’ORIENTAL

Sur la base des résultats de la capitalisation réalisée et du plan de redéploiement qui en découle, le projet SHARAKA soutient le MCMREAM dans sa volonté de consolider les liens entre les MRE et leur territoire d’origine et de renforcer la collaboration des acteurs nationaux et régionaux autour des MRE.

À travers le programme PRIMO, doté d'un financement d'un millions d'€, le MCMREAM entend mieux répondre aux besoins des MRE tout en accentuant leurs rôles dans le développement de la Région de l'Oriental. 

PRIMO se décline en quatre projets (Cf. documents joints) répondant chacun aux objectifs suivants : 

  • La promotion du territoire
  • L’intégration d’un volet MRE dans la stratégie de planification régionale
  • L’accompagnement des investisseurs MRE
  • L’accompagnement socio-économique des MRE

PRIMO est mis en œuvre à travers une convention cadre signée le 06 mai 2016 entre le MCMREAM, le Conseil Régional de l’Oriental et la Wilaya et mobilise l’ensemble des acteurs du secteur comme la Maison des Marocains du Monde, les associations CEFA et "Migration et développement", l’Agence de Développement de l’Oriental, le FROCOD et le Centre Régional d'Investissement, … 

Les résultats de cette action pilote permettront au MCMREAM de mieux comprendre comment prolonger cette intervention dans l’Oriental et la dupliquer dans les autres régions du Maroc concernées par la problématique migratoire.

Un rôle économique de premier plan

Organisation à Rabat, du 16 au 19 mai, d’une conférence internationale sur la migration, interpellation du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, par les conseillers au sujet de la situation de nos compatriotes vivant à l’étranger, sortie médiatique du ministre délégué chargé des Marocains résidant à l’étranger (MRE), Abdellatif Maâzouz, au sujet des compétences nationales établies à l’étranger, publication d’une étude sur les étudiants marocains en France…

Bien que vivant à des milliers de kilomètres de la mère patrie, les MRE font l’actualité au Maroc. Quelles mutations a connues la physionomie du flux migratoire marocain ? Combien sont-ils à vivre actuellement à l’étranger ? Quel est leur poids social ? Quel est leur apport à l’économie nationale ? Dans quels secteurs investissent-ils ? Combien sont-ils à retourner au pays de leurs parents ? Enquête.
 

Plus de trois millions de nos compatriotes vivent à l’étranger. Ne prenant en considération que les migrants inscrits dans les consulats respectifs des pays d’accueil, ce chiffre pourrait être revu à la hausse. Un rapport publié cette année par la Fondation européenne pour la formation (ETF), agence de l’Union européenne qui fournit des conseils aux pays partenaires, parle de quatre millions et demi de Marocains résidant à l’étranger (MRE). Si les raisons historiques et économiques de ce flux migratoire sont établies (protectorat français, recherche d’un meilleur niveau de vie…), il reste que la physionomie de cette migration a considérablement changé ces dix dernières années.

À en croire les statistiques de 2010 du ministère chargé des Marocains établis à l’étranger, la communauté marocaine résidant à l’étranger représente plus de 10% de la population totale du pays et évolue à un rythme jamais constaté par le passé, en enregistrant une hausse voisine de 100% en une seule décennie, peut-on lire dans le préambule du rapport intitulé «Élaboration d’une stratégie de renforcement des politiques relatives à la mobilisation de l’épargne des MRE au profit de l’économie nationale», réalisé il y a trois ans de cela par le même ministère. Ce dernier note qu’«au cours de la période 1993-2007, la CMRE est passée de 1 549 297 à 3 371 526 ressortissants, enregistrant ainsi un taux de progression de 112,5% en 12 ans seulement, soit un rythme jamais constaté par le passé».

Par continent d’accueil, l’Europe arrive en tête avec 86,18% des MRE, les pays arabes en reçoivent 8,5%, suivis de l’Amérique avec 4,90%. Les pays de l’Afrique subsaharienne n’accueillent que 0,25% des Marocains ayant choisi de vivre à l’étranger ou qui y sont nés, alors que l’Asie et l’Océanie en comptent 0,2%. La France reste le premier pays où vivent les MRE : 86,18% des MRE établis en Europe vivent en France, à en croire les statistiques établies par le département d’Abdellatif Maâzouz. Cette même source précise que «la destination privilégiée des migrants marocains demeure les pays de l’Union européenne, second foyer mondial d’immigration après l’Amérique du Nord». Selon la fondation européenne déjà citée, si on observe la répartition géographique des départs du Maroc, la région d’Agadir arrive en tête avec 52% des personnes ayant l’intention d’émigrer, la région de Marrakech arrivant en deuxième position (49%).

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Entretien avec Mohammed Khachani, secrétaire général de l’amerm

Migration potentielle et migration de retour : quelles inflexions ?

Vous êtes le secrétaire général de l’AMERM qui a réalisé plusieurs enquêtes, notamment sur la migration subsaharienne au Maroc, la migration de retour au Maroc, la migration des compétences, en collaboration avec des fondations européennes et des organisations des Nations unies : pourriez-vous présenter votre association ?

Mohammed Khachani : L’Association marocaine d’études et de recherches sur les migrations a été fondée en février 1994 à Rabat par un groupe d’enseignants-chercheurs venant de différents horizons de connaissance et de formation. Elle se veut un espace autonome et ouvert à la réflexion sur la question migratoire. Les activités réalisées et à entreprendre s’inscrivant dans cette perspective tendent à une meilleure connaissance des enjeux multiples du phénomène migratoire. L’AMERM a son siège à la Faculté de droit de l’Université Mohammed V Agdal à Rabat.

Vous avez réalisé une enquête sur les intentions d’émigration et sur le retour de migration que vous avez présentée la semaine dernière à Rabat dans le cadre d’un colloque : qui a fait quoi dans ce travail ?

C’est une étude qui aborde la migration des compétences au Maroc. C’est un travail qui a été réalisé par l’AMERM en partenariat avec la Fondation européenne pour la formation (Turin) sur financement de la Commission européenne. L’exécution du travail de terrain a été supervisée par les antennes régionales de l’AMERM et par des universitaires spécialistes de la question migratoire. L’analyse de la composition des compétences des migrants potentiels et des migrants de retour est au cœur des objectifs de cette étude qui permet de décrypter les profils des uns et des autres, d’analyser les déterminants de la migration potentielle en lien avec le niveau des compétences, et l’impact de la migration sur les compétences des migrants et sur le transfert de connaissances en cas de retour au pays d’origine.

Beaucoup d’enquêtes ont été réalisées, en quoi celle-ci innove-t-elle ?

C’est la plus grande enquête jamais réalisée au Maroc sur la question migratoire, elle a porté sur un échantillon de 4 000 personnes réparties en un groupe de 2 600 pour la migration potentielle et un autre de 1 400 pour la migration de retour. C’est un travail très lourd qui a nécessité beaucoup de sacrifices de la part du comité de suivi, des superviseurs régionaux et des enquêteurs (une centaine d’étudiants de master et de doctorants). Afin d’évaluer la migration potentielle, l’enquête a couvert 8 régions du Maroc, allant d’Agadir à Oujda, et qui connaissent une intensité migratoire différenciée. L’enquête a adopté un nouveau concept des compétences qui ne se réduit pas aux personnes hautement qualifiées, mais concerne également les compétences de faibles et moyens niveaux qui sont des profils demandés sur le marché du travail des pays d’accueil. Pour la première fois, cette enquête a pu évaluer, sur la base d’un travail scientifique rigoureux, la migration potentielle au Maroc. Les données disponibles jusqu’à nos jours sur cette question se réduisaient à certains sondages publiés par des organes de presse, mais qui manquaient de rigueur scientifique.

Concernant l’intention d’émigration, quels sont les principaux résultats de l’enquête : qui, quel âge, pour quelles raisons, quels motifs de départ ?

Les principaux résultats de l’enquête sur cette migration potentielle peuvent être résumés ainsi :
– 58% des personnes enquêtées ne souhaitent pas émigrer.
– 42% de la population enquêtée ont déclaré avoir l’intention de partir travailler à l’étranger, dont plus des deux tiers (64%) sont âgés de 18 à 39 ans. Parmi ceux qui ont l’intention d’émigrer, on a distingué, sur la base d’un certain nombre de paramètres, ceux qui ont un fort potentiel migratoire (9%) et ceux qui ont un faible potentiel migratoire (33%). Ces pourcentages rompent avec les estimations avancées par les sondages médiatiques et l’attitude de l’opinion publique vis-à-vis de cette question. Ils confortent l’attachement des Marocains à leur pays.
En dépit de leur faiblesse relative, ces pourcentages appellent plusieurs remarques : le passage d’une logique d’intention à une logique d’action est loin d’être automatique. Il existe, d’autre part, une relation dialectique entre l’acte d’émigrer et l’environnement dans lequel opère le candidat à l’émigration. L’amélioration des conditions socio-économiques au Maroc et/ou la perdurance de la crise dans les principaux pays d’accueil sont de nature à faire diminuer la propension à émigrer. Autre point à mettre en évidence, le constat sur la propension à émigrer demeure un constat ponctuel et qui pourrait changer dans le temps.

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Ils ont choisi de revenir au pays

Même si la migration connaît une croissance soutenue, le phénomène du retour au pays d’origine est également une réalité, même s’il reste malaisé à quantifier. «Le Matin» est allé à la rencontre d’investisseurs qui sont nés, se sont formés et ont travaillé à l’étranger, mais qui ont choisi, à un moment de leur vie, de revenir au Maroc.

«Pour nombre d’immigrés, le retour au pays reste une perspective à laquelle ils sont attachés et qui s’inscrit dans le prolongement de leur trajectoire migratoire. Les liens, même distendus, avec le pays d’origine entretiennent cette aspiration», est-il souligné dans une étude l’OCDE intitulée «Perspectives des migrations internationales». Rachid Khoucha, né à Paris et âgé de 39 ans, fait partie de cette catégorie. Ce directeur d’exploitation d’Eco Box, une entreprise spécialisée en économie d’énergie, est au Maroc depuis six mois : «Je suis venu au Maroc en 2007 avec pour objectif de m’y installer, pour plusieurs raisons. L’évolution du cadre de vie au Maroc m’a intéressé.

Lors de mes séjours au pays, je sentais qu’il y avait d’énormes opportunités de travail et j’avais l’impression que tout était possible à réaliser. Je suis revenu au Maroc en 2002 pour un premier test. À cette date, j’avais déjà créé une marque de vêtements distribuée en Europe et j’envisageais de l’écouler au Maroc. Cette expérience n’a pas été concluante, je suis alors rentré en France». De retour dans l’Hexagone, ce père dont la famille est encore en France explique : «J’ai précédé les miens afin de préparer le terrain et sécuriser au maximum leur arrivée». En France, il a monté une société de transport de personnalités, mais il a été rattrapé par l’appel du pays. «Je suis revenu au Maroc avec un autre produit pour lequel j’ai suivi une formation relative à la réduction de la consommation énergétique. Nous proposons nos services aussi bien aux particuliers qu’aux PME et aux gros industriels». Même s’il a bénéficié de l’exonération d’impôts pendant les cinq premières années de la création de l’entreprise, Rachid Khoucha souligne néanmoins que «l’accompagnement reste insuffisant, notamment au niveau de la communication». À l’image des témoignages qui vont suivre, notre interlocuteur déclare que ce sont les associations et les réseaux de connaissances qui l’aident à contourner les difficultés liées à l’installation et à la création de l’entreprise. À ce sujet, une étude intitulée «L’impact de la migration de retour sur les pays d’origine : le cas du Maroc», réalisée en 2007, précise qu’«un tiers des migrants de retour ayant réalisé des projets au Maroc citent les contraintes administratives comme principal obstacle».

Les enfants n’ont aucun problème d’adaptation

Originaire de Casablanca, Aïssi Salah, père de sept enfants, est retourné au Maroc en 1990 : «Comme je suis de formation financière, j’ai travaillé pendant dix années dans une banque en France. Et comme tout Marocain, j’avais ce rêve de pouvoir revenir au pays avec le projet de création d’une entreprise dans les travaux publics. En revenant au pays en 1990, j’ai créé, en joint-venture avec une société française, une société qui travaille sur les terrains de golf. Nous employions alors 80 salariés». Cette première expérience a été stoppée par la première cause de mortalité des PME au Maroc : les impayés. «J’avais une ardoise de 4 millions de DH. Alors, en 1998, je suis reparti en France où j’ai enchaîné les contrats de consulting jusqu’en 2005, année où j’ai décidé de revenir de nouveau au Maroc, fort de mon expérience. En fait, je suis revenu pour les enfants». Notre interlocuteur soutient que les enfants n’ont aucun problème d’adaptation. «Pour leur scolarisation au Maroc, je suis passé par l’association de la communauté française du Maroc, puisque j’ai la double nationalité. Cette ONG dispose d’un bureau qui fournit les renseignements pour l’inscription des enfants dans les écoles. Comme ils avaient déjà étudié en France, ils étaient obligés de rejoindre un programme français. Ma fille, qui est en sixième, est scolarisée dans une école de la mission française». Pour Aïssi Salah, des efforts demeurent nécessaires pour tout ce qui se rapporte à la conformité, à la régularité, à la ponctualité et à la rigueur.

Créateurs d’emplois

«La notoriété que j’ai acquise au Maroc en cinq années dans l’importation de motos, je ne l’aurais pas eu en 20 ans en Europe», témoigne, pour sa part, Abousaïd Adelkarim, né en France et diplômé en économie, en management et en commerce et qui est retourné au Maroc il y a sept années de cela : «À l’âge de 28 ans, je suis parti à Dubaï où j’avais une société de trading. C’est à cette occasion, en rencontrant des fournisseurs sur place, que m’est venue l’idée d’introduire un nouveau produit au Maroc. J’ai importé des motos et des scooters, j’ai également lancé une marque actuellement distribuée auprès de 100 revendeurs et commercialisée dans les grandes surfaces». En dépit de certaines difficultés administratives et des impayés qu’il estime à 2 millions de dirhams, Abousaïd Adelkarim semble avoir le sens du business dans le sang.

Ainsi, c’est à la suite de sa rencontre avec un distributeur koweïtien d’huile industrielle pour motos et voitures, qui distribue dans 5 500 stations-service dans différents pays, qu’il monte une entreprise de distribution de cette huile. Plus tard, il dit avoir repris une entreprise de transport qui était en faillite et qui emploie actuellement 125 personnes. «Récemment, j’ai créé une quatrième entreprise, en partenariat avec une société libanaise qui distribue une eau minérale gazéifiée dans 50 pays et avec laquelle nous projetons la construction au Maroc d’une usine de fabrication et de mise en bouteille de cette eau, que nous avons d’ailleurs l’intention d’exporter en Algérie, au Mali et au Sénégal». Mais avant de passer à l’étape de la construction de l’usine, une première tentative d’importation de cette eau est contrariée par le blocage au port de Tanger du premier conteneur : «Nous sommes dans une dynamique d’investissements et de création d’emplois. Je souffre du blocage, alors que nous créons des emplois, mais je suis déterminé à persévérer. Aujourd’hui, ce sont 140 employés, donc 140 familles, qui vivent de notre business. Notre objectif est aussi de créer des emplois.

Nous avons sensibilisé nos partenaires étrangers afin de les encourager à venir investir au Maroc», soutient Abousaïd Adelkarim. De son côté, Malika Barki, vice-présidente de la communauté française au Maroc et responsable des associations des parents d’élèves, explique que cette détermination à aller jusqu’au bout de la concrétisation des projets trouve son origine dans «l’immigration à l’étranger» qui forge le caractère et la personnalité de l’individu.                                      

Une cellule pour accompagner les porteurs de projets

Le ministère chargé des Marocains résidant à l’étranger a mis en place une cellule pour accompagner les porteurs de projets et les investisseurs MRE. Cette structure a pour principaux objectifs de :

  • Informer et orienter les investisseurs MRE potentiels sur les différents secteurs de l’économie nationale.
  • Assister les porteurs de projets qui le souhaitent durant toutes les étapes, de la conception jusqu’à la réalisation de leur investissement.
  • Identifier et mettre en place des partenariats avec les acteurs locaux pour encourager les MRE à contribuer au développement de leur région d’origine.

Compétences marocaines à l’étranger

De plus en plus de MRE actifs exercent dans des professions scientifiques, intellectuelles et managériales très qualifiées. Ce qui constitue une aubaine pour le Maroc qui connaît une importante mutation dans de nombreux domaines, nécessitant davantage de compétences.

Le Maroc est classé au 3e rang mondial avec 17 % en termes de taux d’émigration des compétences qualifiées. Environ 17 % des Marocains résidant à l’Étranger (MRE) actifs exercent dans des professions scientifiques, intellectuelles et managériales très qualifiées. De même, 54 % des MRE s’activent dans des emplois intermédiaires dans des domaines tels que l’enseignement, la santé, la communication, la gestion et le commerce, alors que les postes sans ou à basse qualification ne représentent plus que 28 % de l’effectif. Ce sont là des chiffres dévoilés par le ministère chargé des MRE lors d’une rencontre organisée récemment à Casablanca sur «La recherche et l’innovation au service du développement industriel au Maroc : quel rôle pour les compétences marocaines à l’étranger?».
Première conclusion à tirer de ces statistiques est que les Marocains qui vivent ailleurs montent en compétences. En fait, l’on est loin de ce passé où le Marocain à l’étranger occupe spécialement des emplois banals, peu qualifiés ou sans qualification.

Et la deuxième conclusion à tirer de ce constat est que cette transformation constitue une vraie aubaine pour le Maroc qui connaît une importante mutation dans de nombreux domaines, ce qui nécessite davantage de compétences. En fait, le pays s’est doté d’une multitude de stratégies sectorielles (agriculture, industrie, logistique, tourisme, nouvelles technologies de l’information…), dont il est d’ailleurs en train de revoir la dimension, à l’instar du tourisme et de l’industrie et les NTI. De même, le Maroc a lancé d’importants projets d’infrastructures et d’aménagement qui ont besoin des compétences pointues pour les piloter et les réaliser (TGV, programme solaire notamment à Ouarzazate, Tanger-Med II et autres nouveaux ports, Nador West Med, Marchica, projets de tramway et métro, ponts à haubans…). D’ailleurs, cette dynamique a pu attirer des compétences étrangères, notamment africaines, mais également d’autres nationales, y compris européennes qui trouvent parfois le Maroc plus attractif que leurs pays, vu ce contexte de crise et la résistance du Maroc. Alors pourquoi pas les compétences marocaines qui ont d’ailleurs d’autres motivations à retourner au pays pour le faire profiter de leur expertise et savoir-faire tout en bénéficiant, en contrepartie, des atouts qu’il leur offre ?
Pour le ministère chargé de la diaspora marocaine à l’étranger, c’est déjà le cas, mais d’une manière insuffisante, ce qui nécessite d’autres efforts pour renforcer cette tendance.

En fait, les compétences scientifiques expatriées participent fortement aux transferts inverses au profit du Maroc notamment dans les domaines de la formation et de la recherche, a indiqué le ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé des MRE, Abdellatif Maâzouz, dans une allocution lue en son nom par le secrétaire général du ministère, Abdelfetah Sahibi, lors de cette rencontre, notant que sur le plan de l’investissement et de la création de l’emploi, l’apport de la diaspora se révèle essentiel. Mais, on peut faire nettement mieux, d’après le ministre qui estime que «si le Maroc est classé au 3e rang mondial, avec 17 % en termes de taux d’émigration des compétences qualifiées, il est certain qu’une politique efficace de mobilisation des compétences peut ralentir cette évasion et même en inverser la tendance en la rendant plus profitable au Royaume».

Source: Le Matin

La migration est un phénomène qui continuera à se développer

Sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi, le Maroc accueille du 16 au 19 mai la sixième édition de la Conférence mondiale sur la migration. Dans cet entretien, Abdellatif Maâzouz, ministre chargé des Marocains Résidant à l’Étranger, revient sur les retombées de cette réunion internationale sur les enjeux des flux migratoires.

Le Maroc s’apprête à accueillir, du 16 au 19 mai, la conférence mondiale sur la migration et le développement. Quels sont aujourd’hui les enjeux de la migration au niveau mondial et pour notre pays ?

Abdellatif Maâzouz : Je tiens tout d’abord à préciser que l’organisation de cette conférence est rehaussée par le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi, que Dieu l’assiste. Et que c’est une rencontre qui en est à sa sixième édition. Mais c’est la première fois qu’elle est organisée en dehors de l’Europe et des USA. Pour répondre à votre question, je dirais qu’avec la crise, la carte de l’économie mondiale est en train d’être redessinée et cette redistribution des cartes impacte nécessairement les flux migratoires, le nombre et la typologie des migrants, y compris nos MRE. C’est pourquoi notre pays – dont presque 12% des citoyens vivent à l’étranger – tient à appréhender les grandes tendances et les évolutions en cours, et celles qui peuvent se profiler dans le futur, en matière migratoire. La migration est, de l’avis de tous les spécialistes, un phénomène qui continuera à se développer à long terme, malgré les ralentissements provoqués par la crise économique mondiale.
La conférence internationale, qui réunit des sommités mondiales en matière de migration, est une opportunité pour les différents intervenants marocains dans ce domaine de s’informer sur ces évolutions et de confronter nos expériences à celles des principaux pays connus pour leurs bonnes pratiques dans ce domaine. Les bénéfices que notre pays et nos citoyens peuvent tirer de la mobilité de nos ressources humaines sont loin d’être tout à fait mis en évidence. Nous menons une réflexion de fond, avec l’appui de nos partenaires nationaux et internationaux dans ce domaine.

En accueillant une telle manifestation, quelles retombées espérez-vous ?

Je dois souligner que la tenue de cette conférence au Maroc n’est pas fortuite. Le Royaume est désormais un pays d’émission, de transit et d’accueil de migrants. Nos bonnes pratiques en matière de gestion de la question migratoire et surtout des affaires de nos MRE sont reconnues mondialement. La tenue de cette conférence chez nous est un autre galon conquis par la bonne image internationale de notre pays. Par ailleurs, nous en attendons des retombées en termes de renforcement et d’enrichissement de notre expertise.
Autrement dit, nous allons défricher ensemble les perspectives et les défis de la mobilité migratoire, les déterminants de la migration, le transfert de savoir-faire, l’influence politique, économique et sociologique des migrants ainsi que l’émergence des réseaux de migrants et leur impact sur le développement.

Brièvement, comment pourriez-vous qualifier le phénomène de la migration telle que vécue au Maroc ?

Tracer en quelques mots les contours de notre communauté MRE avec toutes ses diversités et ses richesses n’est pas du tout chose aisée. Cependant, je tiens à rappeler que les MRE sont aujourd’hui confrontés à d’énormes problèmes causés par la crise qui sévit dans les principaux pays d’accueil. Ils sont, en effet, affectés socialement et économiquement et le pouvoir d’achat d’un bon nombre d’entre eux a considérablement souffert du chômage massif qui gangrène l’Europe. Nous leur devons solidarité et compréhension. Dans toute la mesure du possible, nous déployons tous nos efforts au Maroc et intervenons constamment auprès des responsables des pays d’accueil pour les aider à passer ce cap très difficile. Cette crise a également eu des conséquences politiques parfois peu respectueuses des droits et de la dignité d’une partie de nos concitoyens. Face à de pareilles situations, le Maroc est, et sera toujours, mobilisé à côté de ses citoyens et ne ménagera aucun effort pour protéger et préserver leurs intérêts et leurs droits légitimes.

Source: Le Matin